Aurélie Eymard, enseignante à l'IUT 2 et travailleuse sociale : "Il me semble nécessaire de travailler la manière dont nous allons poursuivre la formation"

le  25 mai 2020
Aurélie Eymard sur son lieu de travail
Aurélie Eymard sur son lieu de travail
Aurélie Eymard est enseignante à l'IUT 2 en Sciences de l'éducation en lien avec les problématiques spécifiques des publics et travaille à mi-temps en tant qu'éducatrice spécialisée dans une structure d'accompagnement de jeunes en situation de handicap moteur. Pendant la crise sanitaire, son institution est mobilisée par l'ARS. Dans son témoignage elle évoque les conséquences du confinement puis du déconfinement sur son travail.

Qu'est-ce qui a changé pendant le confinement ?

Pendant la crise sanitaire, l'institution dans laquelle je travaille a été nommée par l'Agence Régionale de Santé, première structure d'hébergement d'urgence pour les personnes en situation de handicap. L'organisation de l'institution a donc temporairement changé et par conséquent notre travail aussi. Je n'exerçais plus ma fonction d'éducatrice spécialisée. Je travaillais de nuit dans l'unité de confinement pour les personnes en situation de handicap ayant contracté le Covid-19, en binôme avec un professionnel du secteur paramédical.

Comment maintenez vous le lien avec vos collègues ainsi qu'avec vos élèves ?

J'ai été très peu disponible pour assurer un lien avec les collègues.
Pour les étudiants, ils sont en situation professionnelle et ont été sollicités par leur employeur pour assurer un accompagnement soutenu des personnes vulnérables dans cette période de crise sanitaire. Les personnes vulnérables sont très fortement impactées.
Nous avons communiqué par mail et par téléphone.

J'ai continué le lien avec les jeunes que j'accompagne (dans le cadre de ma fonction d'éducatrice spécialisée) et j'ai essayé d'assurer une certaine continuité pédagogique. Dans ce contexte, il me semble très difficile d'assurer une continuité pédagogique de qualité. Il a été important de garder le lien avec les étudiants pour les soutenir et leur permettre de finaliser les écrits pour le Diplôme d'Etat.

Qu'est ce qui a été le plus difficile ?

Le plus difficile est de concilier mon métier de travailleur social dans ce contexte de crise avec ma responsabilité pédagogique à l'IUT 2.

Quelle est la première chose que vous avez faite une fois le confinement terminé ?

J'ai arrêté le travail de nuit et je reprends ma fonction d'éducatrice. Je vais dormir la nuit !

Quelles sont les conséquences du déconfinement sur votre travail en tant qu'éducatrice et en tant qu'enseignante ? Comment appréhendez-vous la rentrée prochaine ?

Sur mon travail d'éducatrice, certains jeunes sont revenus dans l'établissement. En amont, nous avons pensé toute l'organisation pour mettre en place les recommandations et les gestes barrières. La vie est rythmée autrement puisque la scolarité se déroule à distance (donc au sein de l'établissement) et prend moins de place dans leur quotidien. Ce sera l'occasion de proposer des temps de détente et de loisirs, notamment les après-midis et une aide plus individualisée sur la scolarité si nécessaire. Pour les jeunes restés à leur domicile, nous assurons le "suivi" par téléphone et si besoin nous nous déplaçons à leur domicile.
À la rentrée prochaine, nous devrons probablement nous organiser en tenant compte des temps de présence au lycée. Je ne suis pas inquiète pour la rentrée. Je fais confiance à la créativité des travailleurs sociaux et des collègues para-médicaux pour travailler autrement et pour accompagner aux mieux les jeunes.

Du côté de l'IUT, il me semble nécessaire de travailler la manière dont nous allons poursuivre la formation des éducateurs spécialisés en formation continue. C'est aussi l'occasion d'innover dans nos modalités pédagogiques, tout en prenant en compte les situations de chaque étudiant (équipement informatique, connexion, temps consacré à la formation...) pour garantir des conditions de formation satisfaisantes. Les nouvelles technologies devraient nous y aider. Mais nous devons rester attentif à préserver le lien avec les étudiants par des temps en présentiel.
Publié le  25 mai 2020
Mis à jour le  26 mai 2020